[*[([|Skier durable, une piste verte à descendre ?|])]*]
Skier durable, une piste verte à descendre ? Le skieur qui aime la nature, c’est un peu comme le chasseur qui adore les animaux. Il patauge dans une contradiction crasse : son activité anéantit ce qu’il chérit. Et pourtant, les stations de ski entendent aujourd’hui concilier activité économique et respect de l’environnement. Dévalerons-nous bientôt des pistes vertes ?
Les stations de ski représentent un bel exercice de style pour les adeptes du développement durable. Comme le constatent les chercheurs Emmanuelle Marcelpoil et Laurent Langlois : L’« opposition entre stations de ski et espaces protégés illustre (…) l’opposition entre intérêts économiques et protection de l’environnement, à la base du concept de développement durable. »
C’est qu’à travers son activité économique, les stations de ski non seulement balafrent le paysage montagneux, mais surtout mettent à mal ses ressources : destruction définitive des sols, modifications de la biodiversité, déséquilibres qui affectent la structure et le fonctionnement des écosystèmes. Sans même parler de la raréfaction de ressources en eau ou de l’usage de canons à neige. Sur les flancs des massifs se déroule une lutte entre environnementalistes et défenseurs de l’économie locale, pour qui le ski fait office de poule aux œufs d’or blanc.
Mais l’opposition n’aura peut-être plus lieu d’être. Les skieurs, essentiellement des urbains, sont de plus en plus attentifs au respect de l’environnement et les stations, pour attirer ces amateurs de glisse, jouent autant sur le nombre de pistes que le décor naturel de leur station. Les initiatives DD se multiplient. Dans les Pyrénées, l’Agence Régionale Pour l’Environnement assurait (ARPE) en 2004 que « les 10 premières stations de sport d’hiver françaises certifiées ISO 14001 (NDLR : certification environnementale) seront pyrénéennes. » Le processus est en phase finale. « Les dix stations ont triplé la démarche, explique Mathilde Angelerie de l’ARPE. Elles ont ciblé à la fois un certificat d’environnement, de qualité et de sécurité. Un management intégré a rassemblé les trois audits en un et les stations devraient être certifiés au printemps 2007 »
Du côté des Alpes, outre des démarches similaires de certification de la part de stations de ski, une Convention sur la protection des Alpes (Convention alpine) engage l’Europe et sept pays (l’Allemagne, l’Autriche, la France, l’Italie, le Liechtenstein, la Suisse, et la Slovénie). Elle constate « que l’espace alpin et ses fonctions écologiques sont de plus en plus menacés par l’exploitation croissante que l’homme en fait ». Ambitieuse, avec des champs d’application variés, les protocoles de ce texte (de 1995) n’ont toujours pas été entièrement ratifiés (et n’a donc pas de poids juridiques) par les différentes parties concernées. Tant des les Alpes que les Pyrénées, les intentions sont donc là. Il ne faudrait pas qu’elles fondent au soleil…
Olivier Bailly