[*[|[(Une piscine : développement durable + économie d’énergie + fonctionnalité)]|]*]
Piscine olympique : Le grand bain à Paris
publié le 12/04/2007 - 16h01, par SPORT / Gérald Mathieu
Après plusieurs décennies d’attente, la natation française disposera bientôt à Aubervilliers d’un authentique complexe olympique, avec six bassins dont quatre permanents. De quoi envisager l’organisation prochaine de compétitions internationales majeures.
Au lendemain des J.O. de Sydney en 2000, l’État australien du Queensland avait remercié à sa manière Denis Cotterel, l’entraîneur du champion olympique du 1 500 mètres Grant Hackett, en lui offrant pour nouvel outil d’entraînement une piscine olympique avec dix lignes d’eau ! Le rapport n’est pas établi, mais il s’avère que c’est précisément au retour des championnats du monde de Melbourne, où elle a décroché un nombre record de six médailles, que la délégation tricolore a reçu comme cadeau un centre aquatique olympique digne de ce nom. " Si on ne signait pas en cette période faste et qu’on ne profitait pas de l’effet propulsif du TGV Manaudou, cette décision aurait été remise aux calendes grecques ", confie Francis Luyce, le président de la Fédération française de natation (FFN).
Ce complexe de haut niveau, qui sera construit à Aubervilliers (93) et sera livré au plus tard en 2012, c’est la plus juste des récompenses pour le deuxième sport olympique. Depuis la construction de la piscine des Tourelles (Paris 12e) à l’occasion des Jeux olympiques de Paris en 1924, la Ville Lumière faisait figure d’anomalie sur l’échiquier international. Seule capitale de renom à ne pas disposer de bassin répondant aux normes internationales, elle s’était même vu retirer l’organisation de la finale de la Coupe du monde en petit bassin en 2004. Quant à la tenue d’une compétition majeure sur le reste du territoire, la France n’a plus connu ce privilège depuis les championnats d’Europe de Strasbourg... en 1987.
Le 4 avril 2007 restera donc une date historique. " Même si nous n’avons pas attendu cette piscine olympique pour obtenir des résultats, précise Francis Luyce, je reste persuadé que c’est la pierre décisive apportée à la dynamique de notre succès. " Si les promoteurs, investisseurs et autres architectes n’ont pas encore été sollicités et que les premiers coups de pelle ne seront donnés qu’en 2010, il est d’ores et déjà acquis que ce centre aquatique comprendra quatre bassins permanents, deux provisoires et de vastes locaux.
Le centre nerveux de ce complexe sera constitué d’un bassin de 50 m couvert, d’un second à l’extérieur, d’un autre de 25 m couvert, d’une tribune de 5 000 places et d’une fosse à plongeon en intérieur. " Ces quatre bassins permettront, par exemple, d’organiser des championnats des France à géométrie variable, explique Bernard Boullé, responsable de l’équipement à la FFN. Cela signifie que seule une partie des 4 000 m2 du centre sera mobilisée pour l’événement, le reste étant toujours accessible au public. " Avec un objectif d’un million d’entrées à l’année, ce grand ensemble sera, en effet, destiné à 50 % aux scolaires, 30 à 35 % au public et 20 à 25 % aux nageurs accomplis (élite nationale ou étrangère en stage en France, licenciés du futur club résident). " Ce sera un produit sport trois en un, pas une zone de loisir, insiste Bernard Boullé. Dans un souci de développement durable, d’économie d’énergie et de fonctionnalité, on a cherché à tout prix la polyvalence. Nous souhaitons optimiser le lieu, et surtout pas laisser des bassins inutilisés ou des zones mortes. "
Au nom de Laure Manaudou
Si la France obtient l’organisation des championnats d’Europe, comme elle l’envisage pour 2012, le complexe sera alors entièrement bouclé et dédié à la compétition. En cas d’événements de calibre supérieur, tels les Mondiaux ou les Jeux olympiques, les frontières de ce centre aquatique du IIIe millénaire seront alors élargies sans peine. Une souplesse d’utilisation due à la présence de deux bassins temporaires, mais aussi au large espace extérieur qui permet de dresser des tribunes de 15 000 places en cas de nécessité. Enfin, des locaux accueilleront non seulement le siège de la FFN, mais aussi celui des comités de Seine-Saint-Denis et d’Île-de-France, ainsi que l’Institut de formation aux métiers de la natation. " Avec cet écrin qui sera le lieu d’expression de notre élite, nous aurons enfin notre Clairefontaine ou notre Marcoussis à nous ", s’enthousiasme Claude Fauquet, le directeur technique national.
Parent pauvre du sport français pendant trop longtemps, la natation pourra enfin bomber le torse avec cet équipement de haut niveau unique à l’échelle du globe, mais dont certaines fonctionnalités ressembleront à celles des bassins de Berlin, Rome ou Montréal. Quant à l’appellation qui pourrait lui être donnée lors de son inauguration en 2012, le président de la Fédération a déjà sa petite idée sur la question. " Ce n’est pas de ma responsabilité mais un nom me vient à l’esprit : celui de Laure Manaudou. " Omniprésente voire omnipotente dans les bassins depuis cinq ans, la pépite de Canet-en-Roussillon devrait prolonger le bail jusqu’aux Jeux olympiques de Londres 2012. Et de rêver déjà d’une ultime représentation à domicile devant un public chauffé à bleu, blanc, rouge.
Repères
Coût total
67 millions d’euros
Les partenaires
État : 15 M€
Région Île-de-France : 15 M€
Plaine Commune : 14 M€
Ville de Paris : 10 M€
Département 93 : 6 M€
FF Natation : 5 M€
à déterminer : 2 M€