Éthique sur l’étiquette
Campagne“ Jouez le jeu ”
Dénoncer l’inertie des distributeurs d’articles de sport
Le 21 janvier, la campagne 2005 du collectif “ De l’éthique sur l’étiquette ” a été lancée. Objectif : interpeller les directeurs de magasins.
Après avoir braqué les projecteurs sur les jeux Olympiques d’Athènes, la campagne De l’éthique sur l’étiquette ” est entrée dans une seconde phase qui vise en France, de façon plus précise, les distributeurs spécialisés d’articles de sport et la grande distribution. Cette mobilisation contre les conditions de travail abusives des producteurs d’articles de sport est l’une des plus importantes actions internationales sur ce thème. Cet été, elle a donné lieu à plus de 500 événements dans 35 pays. En France, ce sont 335 animations publiques qui ont été relayées par les militants des collectifs locaux “ De l’éthique sur l’étiquette ”. Au cours de la campagne, plus d’un demi-million de signatures ont été recueillies à l’intention du CIO (Comité international olympique). Indéniablement, des points ont été marqués (lire ci-dessous).
Des intentions aux actes. Aujourd’hui, avec la campagne“ Jouez le jeu ”, De l’éthique sur l’étiquette s’attache à transformer ce mouvement en invitant la grande distribution et les grandes marques de diffusion à passer des intentions aux actes. Les collectifs vont donc rencontrer, partout dans l’Hexagone, les responsables de magasin, gérants, directeurs... Il s’agira de les questionner sur leur gestion de la qualité sociale, la transparence et le niveau de connaissance sur la provenance de la marchandise qui entre dans leurs magasins. Six leaders ont été choisis : Auchan, Carrefour et Leclerc pour la grande distribution, Décathlon, Go Sport et Intersport pour les spécialistes de la vente d’articles de sport.
Les collectifs sont invités à obtenir des rendez-vous auprès des responsables de magasin. Au cours de ces rencontres, ils insisteront sur la nécessité de mettre en place des systèmes indépendants de contrôle des conditions de travail sur les lieux d’approvisionnement, comprenant des représentants de toutes les parties concernées, en premier lieu des organisations de travailleurs.
Les codes de conduite ou les chartes éthiques édictés par certains distributeurs s’avèrent en effet généralement insuffisants. En particulier pour contraindre les producteurs locaux, dans les zones de non-droit comme les usines du sud de la Chine ou les sweatshops (“ ateliers de la sueur ”) des pays en développement, où les organisations syndicales sont le plus souvent interdites ou réprimées. De plus, les distributeurs ne modifient pas leurs politiques d’achats vis-à-vis des sous-traitants qui, de ce fait, entretiennent prix bas et dumping social.
Ajoutons enfin que, de leur côté, les équipes syndicales continuent à faire pression au sein des comités de groupe ou en interpellant les directions. Le combat contre les violations des droits de l’homme au travail ne s’arrête pas à la porte des magasins.n
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Les premiers résultats de la campagne
À dix jours de l’ouverture des JO, cet été à Athènes, une manifestation du collectif De l’éthique sur l’étiquette a reçu un écho de la part des médias internationaux qui se trouvaient sur place. En France, la campagne a été relayée par les médias. Un millier d’ouvriers ont participé aux premiers “ Jeux olympiques solidaires de travailleurs ” en Asie. Des conflits ont trouvé leur solution du fait d’enquêtes sur les conditions de travail, notamment dans l’usine PT Panarub et chez Adidas. Le Parlement européen a adopté en avril une résolution pour dénoncer le non-respect des normes fondamentales du travail dans la production d’articles de sport pour les JO. En réponse aux interpellations du CIO, le Comité des JO d’hiver de Turin, qui auront lieu en 2006, a établi une charte d’intentions qui servira de base de discussion avec les associations et collectifs sur les valeurs sociales et éthiques dans le sport. Enfin, de nombreux sportifs et militants du mouvement olympique ont relayé la pétition et ont interpellé le Comité olympique français.
Philippe Réau © CFDT (mis en ligne le 4 février 2005)